Bonjour, pouvez-vous présenter en quelques mots (scolarité, parcours professionnel) ?
Bonjour, nous sommes tous deux issus du secteur bancaire et avons respectivement travaillé 12 et 7 ans au sein de banques traditionnelles de la place.
Nous sommes intervenus sur différentes activités (analyse financière, pilotage financier, gestion de projet, commercial, etc.) et plus spécifiquement sur le Retail Banking, touchant à la stratégie, l’organisation et la gestion des risques crédit, opérationnels et réglementaires.
Ces expériences nous ont permis d’avoir une vision quasi exhaustive des métiers de la banque et ses problématiques.
Comment vous est venu l’idée de Smart Deposits ?
Depuis plusieurs années, le digital a pris une place prédominante dans la vie des entreprises et par définition, des clients des banques. Mais malheureusement pour ces mêmes clients, les banques n’ont que trop peu innové ces 20 dernières années. Avec les crises répétitives et la croissance exponentielle des enjeux règlementaires, les banques étaient peu disposées à investir dans la transformation digitale ou à lancer des chantiers de refonte de leur système d’information, particulièrement vieillissant.
Les clients s’attendent désormais à pouvoir effectuer toutes leurs opérations à distance, quelle que soit leur localisation et ce, en toute sécurité. Ces fonctionnalités, autrefois un facteur de différenciation, sont devenues des nécessités pour les banques.
Parallèlement, la faiblesse des rendements actuellement proposés par les acteurs traditionnels (voire l’absence) et la taxation des dépôts envisagée, génèrent un véritable casse-tête pour les entreprises souhaitant sécuriser leur trésorerie dans un contexte inflationniste.
L’idée de Smart Deposits nous est ainsi venue lors de notre passage en banque, constatant ces problématiques de l’intérieur, sans pouvoir véritablement agir. Désormais plus agile que les géants bancaires, nous pouvons mettre l’expérience et la satisfaction client au cœur de nos enjeux, tout en exploitant l’Open Banking, permis par la Directive des Services de Paiement (DSP2).
Comment marche Smart Deposits ?
A travers l’Open Banking, nous nous sommes donnés pour mission d’instaurer un marché européen du dépôt. Ainsi, Smart Deposits offre un accès exclusif aux meilleurs comptes à terme français et européens : les entreprises peuvent désormais placer et suivre leurs investissements en ligne et gratuitement.
Pour ce faire, nous nous appuyons sur une solution technologique interne, en partenariat avec la plateforme de Banking-as-a-Service Swan, qui nous permet d’intégrer toutes les fonctionnalités nécessaires à Smart Deposits (création d’un compte, virements, etc.). En parallèle, nous nouons des partenariats avec des banques afin de proposer leurs offres sur notre site, et échanger les données nécessaires à la réalisation des investissements (KYC et contrats).
Notre positionnement est double : d’une part, nous aidons les entreprises à placer leur trésorerie de manière sécurisée, et d’autre part, nous facilitons l’accès aux dépôts à des banques ayant des besoins de liquidités, nécessaires au refinancement de leur activité.
Pour le client, nul besoin de se limiter aux offres de sa / ses banque(s) principale(s) ou de recourir à des courtiers physiques. Avec une seule interface digitale, les entreprises peuvent réaliser tous leurs placements à court ou moyen terme, dans toute l’Europe, avec un éventail de choix plus large que le cumul de leurs banques respectives.
Pour les banques, c’est un moyen de diversifier leurs sources de financement, d’accéder à des dépôts stables et de montant unitairement plus élevé que la clientèle Retail, de réduire leur coûts de financement, et de capter des dépôts en dehors de leur marché local.
Il y a des solutions blockchain qui proposent des taux plus intéressants que les vôtres, comme Yield.app (taux à 12%) et Anchor (taux à 19%). Qu’est-ce que vous pensez de cela ?
Il existe en effet dans l’univers de la blockchain un ensemble de mécanismes qui permettent de générer des revenus passifs. Aux États-Unis, des entreprises cotées y convertissent une grande part de leur trésorerie. Par de tels « actes stratégiques », elles accordent un statut de valeur refuge à cette technologie. A l’inverse, en France et Europe, l’ampleur de ce mouvement reste limitée. Il faut dire qu’il est difficile à évaluer avec précision car la question reste taboue et les entreprises sont très discrètes sur leurs placements.
Staking, protocoles DeFi, CeFi, etc. Ces termes encore nouveaux font peurs aux français, particuliers comme entreprises, et il y a un vrai travail d’éducation et de formation sur ces sujets. Les entreprises ne sont pas encore prêtes, pour la majorité d’entre elles, à se diriger vers ces typologies d’actifs, et certainement pas pour y placer l’intégralité de leur trésorerie.
Bien qu’attractifs, ces placements n’ont rien à voir avec les traditionnels comptes à terme bancaires proposés sur Smart Deposits, et la différence majeure réside dans le risque pris.
En effet, il existe une multitude de solutions à l’instar de Yield.app et Anchor mais elles proposent d’investir en crypto actifs, ce qui induit une forte exposition à la volatilité de ces actifs numériques. Le rendement passif ainsi proposé peut être gommé par la baisse de la valeur sur l’actif en lui-même, en témoigne l’évolution du YLD sur les 3 derniers mois par exemple.
De plus, le risque de contrepartie reste élevé, il suffit que certains intermédiaires utilisés par ces acteurs ferment boutique ou que les actifs soient volés par des hackers pour que la perte en capital soit totale ou quasi-totale. En comparaison, le seul risque sur le compte à terme réside dans le risque de défaillance de la banque, dont les exemples sont quasi-inexistants en Europe sur les dernières années.
Quelle est votre ambition pour les prochains mois ?
Après plus d’un an de développements, nous allons lancer Smart Deposits au mois de février et permettre à des milliers d’entreprises françaises d’investir leur trésorerie.
Nous allons évidemment concentrer nos efforts sur ce lancement, en nous attachant à fournir la meilleure expérience possible à nos clients.
Un dernier mot pour la fin ?
L’essor des Fintech participe à l’accélération de la transformation des banques traditionnelles et l’innovation de ces dernières vient aujourd’hui des multiples partenariats avec les acteurs issus de l’écosystème Tech.
La vraie menace pour les banques ne vient pas des Fintech, mais des « Big Tech » (autrement appelés aussi Techfin selon Jack Ma). Selon McKinsey, la banque de détail souffrirait d’un effondrement de ses bénéfices de 20 à 60 % si les GAFA venaient à pénétrer certains segments d’activité d’ici 2025.
Le débarquement d’Apple, Google ou encore Amazon dans le domaine du paiement est de nature à bouleverser le paysage concurrentiel dans la banque et à marginaliser les acteurs traditionnels. Alors que près de 40% des français seraient prêts à utiliser les services bancaires proposés par les GAFA et/ou les opérateurs télécom, ces partenariats entre anciens et nouveaux acteurs de la finance deviennent aujourd’hui un prérequis obligatoire à la survie des banques traditionnelles.