Avant même la crise de Covid, les secteurs de la banque et l’assurance étaient parmi les secteurs les moins performants au niveau mondial. Selon un rapport de McKinsey, le bénéfice économique des principales banques mondiales a diminué de 660 milliards d’euros entre 2015 et 2018.
La crise du Covid ne fait qu’aggraver cette tendance comme le montre la figure ci-dessous :
Le bénéfice économique étant le profit généré après la déduction du coût du capital. C’est une mesure de l’efficacité d’une organisation en matière d’allocation des ressources. En d’autres termes, il montre le rendement qu’une organisation obtient des solutions qu’elle offre à ses clients.
Le profit économique est également une bonne mesure de l'efficacité de l'innovation. Selon cette mesure, on peut clairement déduire que les banques ne sont pas efficaces.
Et si la solution était la banque modulaire ?
La banque modulaire est un concept selon lequel une banque conçoit ses services, produits mais aussi ses licences de façon modulaire. L’objectif est de pouvoir être fournisseur de services et de licences pour des entreprises. Pourquoi ? parce que nous avons l’intime conviction que demain tout sera fintech.
Quel paradigme pour la modularité des services et des licences ?
Nous avons la conviction qu’une banque se compose de 8 briques principales qui sont dans la figure ci-dessous. Depuis toujours, l’innovation dans les banques consistait en l’amélioration de ces briques, sans les rendre modulaires et externalisables.
Le paradigme de la banque modulaire permettra donc d’internaliser ou d’externaliser l’une de ces briques, comme une opération de drag & drop, selon la valeur ajoutée.
Ce cercle vertueux d’externalisation et d’internalisation permettra dans le long terme de créer un écosystème où toute entreprise sera fintech.
Pourquoi tout sera fintech ?
Pour comprendre pourquoi tout sera fintech, il convient déjà de comprendre qu’on peut classifier les entreprises selon 4 catégories.
- Traditionnelles et non financières (en orange) : En général, l’objectif de ces entreprises est de gagner la fidélité des clients et de générer de nouvelles sources de revenus.
- Traditionnelles et financières (en bleu) : Ce type d’entreprises est en général titulaire de plusieurs licences bancaires et dispose de briques de gestion de risque.
- Digitales et non financières (en rouge) : Les pures digitales ont souvent un grand nombre d’utilisateurs existants sur leurs plateformes, et cherchent de nouvelles sources de maîtrise de la donnée financière du client.
- Digitales et financières (en vert) : Appelées aussi fintechs, ces entreprises ont la capacité de maitriser la technologie et de mettre rapidement des services financiers sur le marché.
Plusieurs mouvements s’opèrent aujourd’hui au sein de ces catégories :
- Des pures digitales au fintech (mouvement appelé « TechFin » par Jack Ma)
- Des traditionnelles financières aux digitales financières. Cela explique notamment l’essor des filiales néo-banques comme Hello Bank, BforBank, etc
Au vue de l'importance de la donnée financière, les entreprises dites traditionnelles et non financières (en orange) seront donc les prochaines. Il faut donc que les banques soient assez modulaires pour pouvoir les desservir avec un modèle B2B.
Avec ce modèle, on pourrait imaginer que demain Total serait capable de proposer des services financiers en consommant les briques de plusieurs banques :
Conclusion
Au vue de l’importance de la donnée financière, toutes les entreprises seront des fintechs demain. Les banques doivent être assez modulaires afin de pouvoir gérer de nouveau modèle de services B2B.
Ce modèle vient aussi avec un lot de défis. Réglementaires par exemple à cause de l’impossibilité d’externaliser une licence bancaire dans certains pays ou de standardisation.