Moins en vogue que les NFT ou le metaverse ces derniers temps, les projets d’émission de monnaie numérique de banques centrales (CBDC ou MNBC selon langue utilisée) ont le vent en poupe, et plutôt chez les acteurs traditionnels. Aujourd’hui, c’est au tour de la Bank of Jamaïca de monter au front en annonçant avoir mis la dernière main à son projet pilote de CBDC.
En détail, début août dernier, la banque centrale a émis l’équivalent 230 millions de dollars jamaïcains en CBDC, soit de 1,5 million de dollars US, à émettre aux institutions de dépôt et aux prestataires de services de paiement autorisés. Ainsi, la National Commercial Bank (NCB), institution financière prépondérante en Jamaïque, était aux premières loges de ce galop d’essai avec un dépôt de 5 millions de dollars jamaïcains en CBDC.
Cette expérimentation a mis à contribution plus de 50 clients qui ont pu effectuer des transactions interpersonnelles, des opérations d’encaissements et de retraits lors d’un événement parrainé par la BCN au mois de décembre dernier. Cette dernière a notamment impliqué des petits commerçants tels que des bijoutiers artisanaux locaux, par exemple.
La banque centrale jamaïcaine a également ses employés puisqu’environ 1 million de dollars jamaïcains en CBDC ont été émis à destination du personnel de l’institution. La suite verra l’intégration de deux fournisseurs de portefeuille supplémentaires en capacité de distribuer des CBDC et un test « grandeur nature » des transactions entre les clients des divers fournisseurs de portefeuille participant à l’opération.
La banque centrale de Jamaïque annonce un déploiement « national » de sa CDBC au premier trimestre 2022. Ainsi, si la feuille de route est respectée, la Jamaïque marchera dans les pas du Nigéria qui a officiellement adopté l’eNaira, une devise numérique adossée à sa monnaie locale, le Naira. Le pays le plus peuplé d’Afrique a fait des émules sur le continent puisque la Tanzanie « prépare le terrain » dans le but d’émettre, elle aussi, sa propre devise numérique, refusant d’être « laissée pour compte » sur le front des CBDC.
En Europe, les choses avancent à lentement mais sûrement, la BCE souhaitant impérativement prendre toutes les précautions nécessaires avant le déploiement d’un euro numérique. L’institution dirigée par la Christine Lagarde envisage de mettre sur orbite un prototype de CBDC « courant 2023 ». « Nous prévoyons d’affiner les décisions liées à la conception (d’un euro numérique) d’ici le début de 2023 et de développer un prototype dans les mois suivants », avait déclaré mi-novembre Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE.
A la manœuvre sur cette thématique depuis mars 2020, la Banque de France (BDF) continue, également, de tracer son sillon -sans précipitation- sur le front des CBDC. En effet, celle-ci, à l’instar de la Jamaïque, a également achevé une nouvelle étape de son programme d’expérimentation impliquant plusieurs acteurs blockchain (banques, cabinets de conseil) de l’écosystème local.